25 avril 2009
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L'homme m'ordonne d'enfiler mes bas noirs et mes talons aiguilles.
J'obéis consciencieusement. Méticuleusement je m'exécute.
Réduite à l'obéissance. Femme de rien ou de si peu.
Allongé sur le lit il me demande de déambuler devant lui.
Pour mieux lorgner ma nudité gainée de noir. Savourer glorieusement sa puissance et son emprise. Je souris.
Personne n'aurait déchiffré la souffrance de mes yeux vides, le fantôme errant dans les rimes de mes ruines.
L'ombre des plaisirs perdus dans le chagrin de la solitude.
Sous les pavés il n'y a plus la plage.
Dans la musique du silence je viens mourir à ses pieds.
Je faisais souvent ce rêve étrange où, couchée à califourchon sur la rampe ronde en fer glacé de l'escalier, je me laissais glisser du huitième étage jusqu'au rez-de-chaussée.
Dans les virages je devais me concentrer très vite pour garder l'équilibre.
Et brusquement l'orgasme. Se réveiller en sueur.
Un escalier. Dans un immeuble.
Enfance dans un pays chaud.
Je savoure ces rares instants de paix où les chats se lovent contre moi sur le canapé.
Corps enfin détendu. Les yeux fermés. Chasser la sensation du prélude à l'enfer.
Le réfrigérateur bourdonne d'un ton lancinant.
Les rayons du soleil caché par les grands arbres caressent timidement la vitre.
Un chat miaule. Les voitures roulent sur le pavé gris. Un chien aboit au loin puis se tait.
Le tic-tac de la pendule berce l'atmosphère d'un calme qui se voudrait éternel.
Tous ces sons à l'unisson des battements du coeur protège du silence qui étouffe.
Tout d'un coup la porte s'ouvre.
Alors trembler.
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