9 avril 2009
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Ne plus pouvoir dire non . Plus le droit de dire non . Trop tard . Une fois de plus je consens . Comme un aveugle se laisse guider par son chien . Ton pouvoir destructeur . Les mains crispées sur le volant je regarde fixement la route . Le paysage file . Peut-être est-il beau . Non . Une panne de voiture . Non . Même pas un pneu crevé . non . Tout paraît fonctionner à merveille . TOI à mes côtés, Tu parles, Tu racontes, Tu imagines, Tu bandes . Arrêter le temps . Faire demi-tour . Ouvrir la portière et T'éjecter sur la route . Non . La marionnette est emprisonnée dans ses fils . Déjà la voiture pénètre dans les rues chaudes de la ville . Mon corps commence à transpirer . De chaleur . Ou de ... Sans doute les deux à la fois .
Traverser cette ville accentue la terreur de mon ventre . Le but presque atteint . La série de ronds-points . Crissements de pneus . Klaxons . Ne même pas pouvoir foncer dans un platane . Pas de platane dans la ville . TOI sentant le but proche Tu frétilles déjà sur ton siège, Ton excitation à l'extrème . Tu remues la queue comme le chien qui attend les morceaux de viande qu'on lui prépare . Je serre les dents . Mâchoires bloquées .
La voiture s'arrête à la place de parking qui l'attend, derrière le motel . Reconnaissance . Présentations . Entrée furtive dans le long corridor menant à la chambre . Mortelle randonnée . Le corps vide, paralysé, ne pas regarder ce qui est au bout de la laisse . Trop tard pour fuir le naufrage . Avancer . Telle est la règle . La porte s'ouvre . La pièce paraît froide . Misérable . Les murs blancs . Le froid . Deux petits lits côte à côte, verts . Dans le coin une petite table avec une chaise . Un cendrier . Je pourrai fumer . De grands rideaux verts cachent la lumière du dehors . Le vert tranche sur le blanc . Je comprends que c'est moi qui ai froid tout d'un coup . Et pourtant je sue . Une sueur froide . Sentir maintenant des mains qui touchent mon corps, le palpent, le caressent, le pétrissent. Sans un mot on me déshabille . Nul son ne sort de ma bouche, seul un petit souffle saccadé de mes narines dilatées . L'attente . Le dégoût . Cri muet .
Soudain la peur . Comme le trac de l'actrice que je suis, que TU veux que je sois . Entendre haleter . Des mains continuent de tripoter mon corps nu . Sentir des bouches, des langues, lécher partout . Tétanisée je reste plantée là .
Fuir . Fuir . Où ? Il est trop tard . J'aurais préférée être giflée et mise à la porte à coups de pieds, pour éviter l'humiliation qui m'attend . Complète soumission de la femme amoureuse . Voilà ce que je suis devenue . L'esclave de ma propre chair . Vivre la torture du corps ou de l'esprit, ou les deux .
Sentir tout d'un coup qu'on me pousse vers le lit . A genoux . Le corps en avant soutenu par les deux bras dont les mains agrippent violemment les draps . Alors un long cri d'épouvante qu'on croit de plaisir s'échappe de ma gorge sèche lorsque je sens sur ma peau les griffes qui me labourent le dos et le sexe de l'animal qui viole sauvagement par saccades le mien, qui sort, me manque . La douleur me coupe le souffle et sentir à nouveau très vite le sexe, tel un poignard, me pénétrer à nouveau . Brutalement . Vomir . Mourir . Ne plus consentir l'enfer .
Enfin on arrache l'animal qui en veut encore . Je m'affale sur le lit .
Ce qui se passa ensuite fut le trou noir . Savoir seulement que mon amour pour TOI me fais Te haïr encore plus .
TOI le diable . Je T'appartiens .
Jusqu'à l'os .
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