Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 mars 2008 2 11 /03 /mars /2008 18:54
ANGE--CORBEAUX--.jpgPREFACE

Une vieille femme pousse fiévreusement le landeau vide poussiéreux. Un oeil la regarde dans le ciel. Elle ne le voit pas. Le noir l'enveloppe. Elle songe sa vie dans les ténèbres. La vitesse du vent repousse, ralentit l'allure. Le frisson l'enveloppe et elle ne sent pas la douceur des yeux qui guettent : Deux étoiles dans le ciel.
Dans le vide du temps car le temps s'est arrêté. Il n'y a plus de temps. L'espace est figé. Seule l'ombre des nuages dans la nuit la poursuit, sa tête tambourine, comme toujours. La nuit file. Dans le vertige la vieille femme tombe. Nulle part devient son lendemain qu'elle ignore. La voix au creux de l'oreille murmure ce qu'elle n'entend pas, ce qu'elle ne peut plus entendre. Elle rampe à terre, péniblement se relève. Et elle marche, continue de marcher, toujours, luttant contre le vent de cette nuit. Mais ses pas l'entraînent à reculons et la poussette bascule. Elle n'a qu'une musique au fond du coeur meurtri . L'aube. Y a-t-il une aube au bout du chemin ?Quelqu'un le sait, mais pas elle. Corps. Elle n'a plus de corps. La haine seule forme un halo lumineux autour de son corps transparent. Corps vide. Comme la poussette. Il n'y a plus de corps. Et il n'y avait pas de poussette. Les yeux fermés, seuls, absents, chaque nuit la vieille femme faisait le même trajet...La tête ballotante l'ombre derrière elle pousse son fantôme. Elle est le fantôme. Elle ne croise personne car personne n'existe. La rue était un mensonge, la rue n'existait pas. Tout était faux. Même la poussette vide. Alors les oiseaux se sont réveillés, avant tout le monde. Alors l'aube s'est levée au bout du très long chemin.
Alors la rue fut déserte. Il n'y avait personne. Rien n'avait existé dans cette rue.

La femme a quarante-huit ans. Elle est morte le douze juillet 2005.

Elle ne connaissait pas la vieille femme. Elle lui aurait parlé, si elle l'avait croisée.

L'oiseau aux ailes abimées se fracasse lourdement sur le bitume. Choc dans le néant. L'espace vide est rempli du corps inerte, qui gît misérablement. Il venait de nulle part et nulle part devenait ailleurs, pensent les deux enfants, muets devant l'ombre à terre.
Au petit matin doré du soleil levant, le silence encore tiède se réveille. Mais l'oiseau. Ne se réveillera plus.
La femme du soldat ouvre la fenêtre et secoue ses draps. Une lumière brille. Une porte laisse sortir l'homme affairé, son cartable pend le long du bras droit. Il marche vite, son visage impénétrable semble torturé. Le silence du jour pointant pèse lourd. Sur le trottoir les deux enfants sautillent à cloche-pied, vers l'école encore fermée. Atmosphère pesante. Ecrasante. Aucune voiture dans cette rue étrange, aucun bruit. Sauf le pas de l'homme et les pas sautillants des deux enfants. La femme du soldat referme la fenêtre et retourne se coucher. Le temps s'est arrêté.

Quelques temps auparavant, il faisait froid dans le coeur de la femme.
Ses yeux vides n'accrochent pas la lumière pourtant puissante qui pénètre à travers le volet fermé de son ventre. La tempête fait rage au-dedans entraînant le désespoir qui la ronge depuis si longtemps. Le cercueil de la haine va être cloué à jamais et enterré dans les profondeurs de cette terre sale. Dans sa tourmente elle divague, saoûle de cette vomissure qui s'arrête à la gorge. Où sont-ils ? Que sont-ils devenus ? Elle dégueule cette haine farouche qui la hante, qui la ronge. La mort veut emporter sur son passage ce linceul dégueulasse. La pourriture désagrège. Les eaux troubles de sa mémoire l'emportent dans un océan noir. Ne plus savoir. Oublier, effacer cet affreux voyage inconscient qui va la conduire inévitablement à la mort certaine, organisée. Voyage qui guide ses pas vers les profondeurs de l'enfer qui ne cherche qu'à l'engloutir.
La femme rêvait d'amour, la femme est devenue une chose, s'enfonçant des années durant dans l'abîme puant d'un amour pervers.
Plus jamais ça. La révolte gronde peu à peu, son corps se meurt, sa vie volée, son enfance brûlée, disparue, ses rêves effacés. La femme est une poupée désarticulée.

Elle fuit. Elle erre dans la forêt , hagarde, emportant avec elle tout ce qu'on ne doit pas savoir. Les arbres inquiets pleurent. Le vent hurle son cri lancinant  dans la forêt tourmentée. Le supplice mêle le sacrifice en un cri que l'on rejette. Les buissons s'accrochent à sa peau dans sa course folle, arrachant sa chair meurtrie. Elle saigne mais ne sent plus rien. La forêt est morte, le vivant a disparu. Il y a aussi le nom de celui qui est son cauchemar. Sous les grands arbres où le soleil crève les yeux, la femme tombe.

Elle se réveille dans les draps glacés d'une chambre noire. Les murs se cognent à elle, le bureau au fond tangue, la fenêtre derrière les rideaux opaques la nargue et l'appelle. Le mal ronge. Comme une somnambule la femme se lève en titubant et sort de la chambre, meurtrie, croisant le monde inconnu autour d'elle, chacun vivant sa part de désespoir. Personne ne peut l'aider. Tous ceux qui l'entourent sont aussi des morts vivants. Le rouge saigne et l'indolore persiste. Couloirs blancs où la folie demeure. Le poète dans sa chambre pleure aussi. Elle l'ignore encore.
Enroulée sur elle-même la femme est la plaie figée d'une absente. Seul le piano de la salle rouge apaise les arbres du parc. L'enfant dans sa douleur hurle le manque. Le diable tape à la porte. Personne ne veut ouvrir. Surtout pas elle. Ailleurs sont deux anges, aux ailes torturées, qui n'entendent plus la musique. Elle est cachée derrière le même arbre menaçant. Le livide réapparaît. Le scorpion écrasé ne piquera plus. La vieille dame tricote une longue écharpe sans fin. Et les mailles défilent. Le fantôme s'évanouit lentement. La jeunesse de la femme est morte hier. Brisée par les doigts crochus du diable qui riait violemment. Le sang coule toujours dans la rivière noire qui rugit de cascade en cascade. Tragédie du chien errant perdu. La lave brûlante du volcan emporte la nuit sur son passage. Des tonnes de sentiments fouettent au vent les étoiles qui crèvent le ciel.
On veut sauver la femme du lit glacé de son corps vide, du silence du temps qui s'est arrêté. Le vide dans ses yeux fixes noyés de larmes noires, de désespoir.
Réveils douloureux qui doivent poursuivre les mêmes voyages tous les matins sombres vers la protection recherchée qu'elle ne trouve pas. Hagarde, rasant les longs murs blancs de ces corridors sans fin, sanglots étouffés dans sa gorge muette, se cachant derrière ses longs cheveux pour que l'on ignore son visage blême. Corps tremblant épuisé s'écroulant sur la dernière marche froide, collée au mur, espérant son invisible. Et la folie s'empare du corps recroquevillé, en convulsions saccadées. Longtemps.
Parfois une voix lui parle. Elle ne répond pas. La voix s'en va.
Parfois une main sur son épaule. Elle ne la sent pas. Et la main repart.
Parfois rien. Elle préfère.
Le vide la transperce, le néant l'emporte. La femme remonte dans la chambre. Corps froid, yeux blancs de vide, elle referme violemment les rideaux opaques. Le dehors n'existe plus. Le dehors est éteint et - elle se recouche dans les draps glacés de la mort, larmes de sang ravalés par la bouche sèche. La femme a quarante-huit ans. Elle est morte hier. Le douze juillet 2005.

Les cloches ont sonné.

Il y a des dates qui sont inévitables. Ineffaçables. Des dates qui font peur. Au début. Puis des dates qui font vivre.
La femme est née, quelques temps plus tard. Et les cloches ont sonné.
Une apparence. Un regard. Long. Profond. Puis une main. Une caresse. Une musique.
La femme se sauve, effrayée. Elle ouvre la fenêtre pour rafraîchir la chaleur qui l'envahit, qui brûle son ventre.
Alors elle s'étend sur le lit vide et ses mains depuis longtemps mortes remontent caresser lentement ce corps tremblant du désir si soudain. Et les images l'obsèdent. L'oreiller creusé par son visage étouffe son hurlement.
Non loin le poète a compris et attend.
Elle lui racontera tout.
Sa main chaude dans la sienne. Doigts entremêlés. Par l'ivresse de la sensation, pure sensiblité, aux côtés de la Liberté. La Pensée.
Le soleil maintenant chauffe les fontaines qui jaillissent, refait battre le coeur mort. La nature vivante amoureuse danse. La femme apprend à naître.

Mais le diable est pire que ce que la femme pensait. La haine du diable démesurément grandissante, parvenue plus loin que l'univers, au-delà de l'univers, massacre la chair de sa chair. Par cruauté ou vengeance. Ou les deux.

La porte n'est pas fermée à clef. La maison garde encore ses secrets enfouis dans tous les recoins. Le soleil couchant baigne légèrement la vitre cependant l'intérieur reste mort de l'absence de la femme. Le silence crie sa douleur et deux enfants pleurent. La mère n'est plus, un ailleurs l'a emportée soigner ses ailes brisées. Elle a fui l'horreur. Que personne ne sait. Les enfants perdus souffrent dans la pièce morte. L'amour de l'un ravagé par la haine de l'autre. Le père moribond les écrase de ses transactions pernicieuses. Spirale sans fin de la perversion inavouée. L'âme morte respire la haine. La femme passe devant la maison mais n'entre pas. A l'intérieur le diable l'attend. Elle ne veut pas le voir et continue son chemin. Le coeur broyé, le coeur qui pleure pour les enfants qu'elle veut sauver. L'air glacé maintenant la pénètre de toute sa sauvagerie. Son corps tremble. Dans la nuit sans étoile la campagne est muette. Au loin une sirène hurle.

Puis un jour, brutalement, l'appel au secours de la fille, meurtrie, saccagée, qui hurle le désespoir du dedans. Elle est redevenue deux ans. Sa vie bascule à l'horizontale et appelle la femme au secours qui pense pour la première fois à tuer le diable qui a pourri tout ce qui a été autour de lui. Sa haine, dans toute sa verticale, telle un poignard. Non, sa fille ne doit pas couler. Son corps si fragile, si épuisé, si torturé, 20 ans demain. Si douce, si belle, si révoltée, si aimante. Le ciel impur flotte au-dessus du néant. Les néons éteints. Un trait file : l'éclair. Foudroie ! La moto terrorise encore. Dans le fossé les herbes cachent l'ombre muette qui se faufile dans la transparence. Les arbres terrorisés n'osent plus bouger. Choc dans le choc. L'étoile filante explose. La mendiante tend sa main morte, silence qui crie sa douleur. Lacère sa peau. Plaie saignante qui n'en finit plus de couler dans le ruisseau de la mort. Les pas s'accélèrent, la vitesse du vent file à reculons. Le trou béant dans le trottoir engloutit la folie, mord jusqu'à l'os. La chair n'est plus. Les os brisés des oiseaux grêlent dans la rue et la tempête de l'horreur continue de s'abattre et s'acharne. Le cheval à trois pattes s'est effondré. La rue sombre s'écarte. La lueur du réverbère a disparu. Il n'y a pas de lune. Les poubelles agonisent et les fleurs ne sentent plus. Des larmes de sang coulent du visage ravagé. Tous les os craquent. Chaos dans le chaos.
La fille de la femme est tombée. La mort est-elle la seule issue possible, le sommeil de la mort qu'elle revendique ? Ses bras pendent le long du corps. La tête détachée, posée dans un ailleurs que la femme ignore. Le tunnel au fond, interminable. Noir dans le noir. Vide dans le vide. Le gouffre l'engloutit. Longs cris funèbres sortis de la gorge de la petit fille, vomissure du désespoir. Le petit animal gémit. Plainte au bord de la folie. Le stade est plein, la cour est vide. Et l'ombre est toujours dans le fossé, une ordure qui traîne au fond, un dépotoire. Le tunnel est long, trop long. La musique qui joue est absente. Petite fille aux bras arrachés par la tourmente de la déchirure et de l'incompréhension. Seuls les bras de la femme pour la calmer et taire le hurlement. L'oiseau ne doit pas l'emmener dans le ciel, non ! Le jour. Il n'y a plus de jour. La nuit mange la fille de la femme. Ses yeux fixent dans le vide la flamme de la bougie qui vacille mais ne s'éteint. Mortelle randonnée dans la folie, de ses pas traînant, trop traînant. Le diable est arrivé à ses fins. Petite fleur frêle en perdition. La femme veille, longtemps, à son chevet. L'ange aussi hurle sa haine et vit à reculons. Et le rire qui fuse. Le téléphone sonne et personne ne répond. Un éclair dans le brouillard. On change de trottoir. Mais le trottoir les suit toujours. Les pavés flous tanguent, aveuglés par les larmes. Le feu brûle les larmes. La fuite hors du corps sali. Les passants automates maquillent en noir le temps glacial. Et le bébé a perdu sa poupée en chiffons.

Et debout dans la pièce froide et vide le regard haineux de petit ange. Immobile comme une statue de pierre. Statue qui éclate en sanglots, les poings serrés à blanc. Pourquoi ce dégoût de la mère, ce refus d'elle ? Raide dans les bras de la femme l'aimant, le serrant très fort contre son corps blessé, laissant sa bouche embrasser son visage, son cou, son nez humant ses cheveux, son odeur d'elle, sa chair. Lui, inflexible, à la fois si proche et si lointain. Dans ses bras douloureux il n'est plus lui, son esprit affolé s'échappe, loin, très loin d'elle. Froid comme le marbre. Ce marbre qui pourtant réchauffe le coeur de la femme, son corps qui l'a enfanté.
Les doigts de la femme s'enfoncent dans ses cheveux qui ont poussé. Sa bouche affolée parcourt ce visage tant aimé. Il reste planté là, ses bras pendant le long de son petit corps meurtri. La mère sut plus tard qu'il s'était senti sali par elle...Cette douleur étouffée envahit la femme. L'enfer attire à nouveau. Alors pourquoi les sanglots mélangés à la haine ? Pourquoi cette terrible haine qui plonge la femme dans une douleur sans fin ? Incompréhension. Le roc. Qui s'enfonce dans sa chair. Il la tue, à petit feu. Ce suicide de cette mère tant aimée et adorée l'aide-t-il à ce point à vivre, à survivre ? Chêne hautain, dédaigneux, fièrement dressé dans cette forêt salie par l'horreur de l'Autre, chêne inflexible dans la tempête annoncée, dans cette tourmente qui l'étouffe, le dégoûte, étouffant par là-même la femme, rongeant son âme meurtrie. Son enfant n'est plus. Elle attend son enfant. Elle espère le oui qui sauverait sa vie.

La femme remonte dans sa voiture et devine à peine la route, aveuglée par les larmes. Sans même s'en rendre compte, les mains crispées sur le volant, elle parle tout fort, dans ses sanglots, à son fils :
" Qui es-tu ? Pour me détester à ce point. Ce goût amer dans ma bouche. Quand ? Quand reviendras-tu ? Tu me jettes comme un cadavre à la mer. Tu as perdu la clef, je te regarde, tu ne me vois plus. Tu redoutais le moment où je refermerais la porte..."
Sa détresse figée.  Dans la voiture froide, glacée, le soleil n'est plus. Le temps s'est à nouveau arrêté. Sanglots longs comme l'archet du violon qui grince violemment. L'oiseau pleure, ailes figées, la pendule s'est arrêtée...Quand ? Souffrance qui torture la femme comme quand il fait très froid. Toutes ces questions qui saignent et son coeur qui pleure. Elle croyait avoir repris tant de force... Combien de jours de deuils encore ?
"Je t'en supplie. Tes mots mortels m'assassinent, découvre-moi de ton linceul qui m'enveloppe. Ne m'assassine plus. Au creux de mon oreille tu m'avais promis...L'amour pour toujours....que tu es en train de tuer. Je n'ai plus la main verte pour arroser ton balcon. Mais je ne peux faire que te pardonner, l'irraison t'emporte. Que vais-je devenir ? Ton sourire et tes rires m'ont abandonnée. Je suis seule, au bord de ce chemin que je ne vois plus. Hagarde, perdue, orpheline. Je voudrais encore caresser tes ailes qui se déploieront un jour pour t'emmener vers d'autres cieux. Tes yeux brillants regardent le soleil derrière la vitre où je ne suis plus. Ils sortent une longue chanson que tu m'interdis désormais. Ma détresse figée, la route sera longue, douloureuse. Aujourd'hui tu marches au milieu du troupeau, ta nuit s'avance, ne suis pas les autres, tu vas te perdre, j'entends encore ton hurlement. N'aie pas peur, mon ange, de fouler les braises qui t'emmèneront jusqu'à moi. N'écoute pas l'infect. Retrouve-moi. Il nous reste un bout de chemin à faire ensemble. Exorcise le diable. Qui est en toi. Mon jardin est mort sans toi, la cheminée éteinte, le temps suspendu, ma tête décapitée de toi. Long sera l'hiver...Je t'attends."

Désolation. La femme, un mois plus tard, retrouve son fils lors d'un concert. Choc devant le regard meurtrier. L'insulte jetée au visage elle se tait. Elle attend, longtemps, à la fin, et va le retrouver dans la rue presque déserte. Elle reste blême devant le refus. La haîne au fond des yeux, qui tue, l'insulte encore au-delà de son cadavre déjà. La blessure saigne. Trop profond le sang cogne dans ses veines déjà mortes. Envahit l'âme meurtrie. Anéantie. Putréfiée. Tuméfiée par l'ignoble au fond du corps qui rejette ses bras tendus. Le droit de réponse gît au fond de la gorge, muet. Ne peut sortir. Choc. Sans retour possible. Le masque du désespoir transfigure l'inévitable. L'envie de saisir reste pétrifiée. Plus rien que le demi-tour. Noirceur du temps arrêté. La nuit s'étale et ne peut plus rien. Lui, absence du coeur dans le corps...Pierre froide dure. Perdure... La femme pleure dans son retour les larmes de l'amour et celles de la haine pour l'Autre. Elle. Dévastée. Coeur trop plein et si vide de lui. L'enfant tue la mère morte. Ses pas avancent seuls, elle n'existe plus. Et son fantôme rentre. Blessé. Mort.

L'ultime page des souffrances est-elle tournée ?

Les années s'effacent...Peu à peu.
La femme est morte un jour. Le douze juillet 2005.
Une autre femme est née. Qui découvre comme pour la première fois l'émotion...la sensation...le désir...l'existence...
Dans désespoir....il y a....des espoirs...
Maintenant elle sait.

L'ultime page des souffrances n'est jamais tournée, le temps, seul, tourne.

la femme a traversé plusieurs fois le vide, le néant, en est revenue, comme d'autres dans le coma ont vu la mort les appeler comme une lumière au bout du tunnel mais sont revenus à la vie.
La femme pensait le néant comme terme de toutes ses souffrances. Le néant étant une absence d'existence ou une présence d'inexistence.
Oui le néant existe, mais cette existence fait exister autre chose que le néant, ce qui donne l'espace et le temps.
Le pur néant  au sens de pur inexistant n'existe pas. Il est toujours cassé par une existence : celle de rien ou celle de quelque chose d'autre que rien.
L'existence de rien, le maelström de la femme.
Et le quelque chose d'autre que rien, la naissance de la femme.
La femme est simplement morte car sa dépression l'a entraînée dans le gouffre, le vide...Elle  ne pouvait pas voir un néant, elle ne pouvait pas identifier un vide. Elle  ne pouvait que se le représenter. Elle ne saurait imaginer un néant, sans s’apercevoir, au moins confusément, qu’elle l’imagine. Sa volonté de mort mêlée au désir inconscient de survie ou de vie a fait ce qu'elle est devenue.

La femme est née quand, après avoir rompu les chaînes de l'aliénation, elle a franchi le pas.
Non loin, le poète avait compris et l'attendait.

La néantisation est le pouvoir propre de la liberté.

Texte protégé
Partager cet article
Repost0

commentaires

J
<br /> <br /> Wouah!!! Quel texte!  Vraiment bravo!<br /> <br /> <br /> L'histoire n'est pas gai, mais tout est si bien écrit!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> Bonjour Mel<br /> <br /> <br /> je sens que tu es la pas loin<br /> <br /> <br /> c'est drôle je le sens...<br /> <br /> <br /> bisous et a bientôt<br /> <br /> <br /> Didier<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> Un clin d'oeil en passant en espérant que tu surnages<br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> Tu peux faire semblant d'être morte, je sais que tu es vivante dans le cri de ta chair et je t'attends<br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> Oh Mel! Tu écrivais si bien la douleur, j'espère que tu reviendras bientôt pour écrire la paix trouvée<br /> <br /> <br />
Répondre

Présentation

  • : Maelström
  • : Longue histoire que cette perte de soi... Un récit douloureux. Un exutoire. Une femme à côté de son corps durant 28 ans. Cette femme : moi. Un récit aussi où la prose prend une grande part.
  • Contact

Recherche