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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 03:53


Cette année la chaleur débute tôt . Il a beaucoup plu l'hiver mais les fleurs et les arbres fruitiers n'ont pas gelé . Le matin je me lève à cinq heures pour sulfater la vigne avant que le vent ne fasse son apparition .

Je pense au facteur qui me salue chaque fois qu'il me croise dans les rues du village . Dans la même matinée, sur son vélo, il est capable de me lancer son "Bonjour !" six fois, suivant l'endroit où l'on se rencontre .

Aujourd'hui il s'est suicidé .

De belles et multiples grappes de raisin encore vert révèlent une vendange féconde . J'aime ces moments où le monde dort encore, aucun bruit ne vient troubler la campagne, les voitures attendent patiemment dans les garages . Seuls quelques lapins heureux de cette quiétude qui ne durera pas longtemps sautillent à travers champs . Un moment de vérité . Le jour n'est pas encore levé . A peine .

Deux oiseaux se répondent quelque part, sans doute pour s'assurer que l'autre est toujours vivant .
Me fondre dans la nature avec eux .

Lorsque la vigne est trempée de rosée je sais que le vent ne se lèvera pas . Rareté dûe à la région du Sud, non loin de la méditerranée, où s'affrontent tantôt le vent d'autan, tantôt le mistral . Il arrive assez souvent qu'une fois arrivée à la vigne le vent se lève et je fais demi-tour, le maudissant . Parfois il se lève avant que je ne finisse et, la sulfateuse accrochée derrière le dos, il me renvoie les vapeurs du jet dirigé sur le feuillage de la vigne . J'accélère alors le pas en essayant de respirer le moins possible, presqu'en apnée, tandis que la main droite pompe de plus en plus vite la manette de la sulfateuse . Un masque appliqué sur le visage, au-dessous des yeux, aurait été le bienvenu .
 
Le froissement de ce vent me rappelle que je ne suis pas celle que je suis . Je n'ai pas d'image de moi .
Je ne sais toujours pas qui je suis . La nature me regarde et je suis dans le paysage .
Dans le seuil du souffle la langue m'échappe .
TOI Tu dors encore, de ton sommeil sans rêve


Texte protégé

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commentaires

D
Des images magnifiques comme la palette de Monetun vrai plaisir a te lire MELlots of kissesDidier
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D
Ce texte est magnifique chaleur ,sensibilitéun gros potentiel tu as MELje t'embrasse fortDidier
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T
Une page de calme dans la tempete, merci.AmitiéThierry
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M
Merci Emma. Telle est mon écriture. Très littérale. Pensée, pesée. Tel un témoignage et non un voyeurisme en aucun cas. J'ai été bloquée quelque temps, je vais mieux. Il est dur souvent de coucher sur le papier les images que l'on a dans la tête et qui restent encore un souvenir douloureux.
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E
il me faut remonter le courant de Maelström parce que je n'en ai pas la contrainte mais le désir même si le chapitre 23 en lui-même est un chant grinçant. au risque de me répéter, ton écriture va de plus en plus directe et légère pour un dire urgent et douloureux. que le zéphyr se lève sans te froisser et te caresse enfin
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Présentation

  • : Maelström
  • : Longue histoire que cette perte de soi... Un récit douloureux. Un exutoire. Une femme à côté de son corps durant 28 ans. Cette femme : moi. Un récit aussi où la prose prend une grande part.
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