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11 mai 2009 1 11 /05 /mai /2009 00:59



Ce matin-là . Un matin . Comme aurait dû ce matin être un matin comme tous les autres .  Mais ce n'est pas un matin comme tous les autres . Un matin qui dépasse la compréhension . Petit ange ne pleure pas . A 8h précises...comme tous les matins . Attendre . Ce qui ne vient pas . Attendre . Puis l'éclair soudain. Juste après la préparation du biberon et du bain . Petit ange a un mois . A plat ventre sur la couche .
Se pencher sur le berceau et le prendre délicatement dans les bras . Sa tête oscille .
Ses narines, ses lèvres, sont pincées, bleutées . Les yeux clos .
Le visage ainsi figé, vidé, comme ancré déjà dans la mort, ne retrouver rien de ressemblance avec l'habituel, le cri muet s'enfonce dans les murs, ne pas savoir, ne pas comprendre . Froid . Petit ange est froid . La question brûle les lèvres .
Ne pas comprendre . Murmurer telle un fantôme . La question . La question .

Et Toi Tu réponds "En effet il a une sale gueule" . Puis Tu pars .

Me laissant avec ma détresse . J'agrippe petit ange, l'aplatis tout contre mon corps, naviguer éperdue entre deux eaux, de mes lèvres sortent des sons, inarticulés, plonger petit ange dans le bain chaud déjà prêt , le bleu du corps s'atténue . Un peu .
Petit ange crie .
Plus tard....après d'innombrables coups de téléphone auprès du médecin, du pédiatre... Le samu arrive, la sirène crève les oreilles, soudain la maison pleine, tout le monde court, partout, des blouses blanches, des paroles, des questions, de mes lèvres tremblantes sortent des sons inarticulés, mes yeux vides parlent une langue inconnue. Tout va très vite . L'examen . De petit ange . A l'endroit, à l'envers, plisser la peau, ausculter, avec un nécessaire alors inconnu de moi . Les bras ballant le long de mon corps abruti j'assiste, impuissante, ne plus savoir si je dors si je suis vivante si je suis un fantôme . Simplement . Simplement . Entendre ces mots qui résonnent encore fort, si fort dans ma tête vide :
"Madame, vous avez de la chance, vous avez sauvé sans le savoir votre bébé . De la mort subite du nourrisson ."

 "Ha..."

Puis sans tarder l'équipe de blouses blanches embarque petit ange dans une couveuse, laisse un papier sur la table avec un numéro de téléphone, et sur le perron entendre à nouveau la sirène et voir disparaître la voiture blanche avec un gyrophare lumineux sur le toit . Une partie de mon coeur arrachée s'en va avec . Hospitalisation de vingt jours, en néo-natalité . Une éternité . Et tous les après-midi aller lui donner la tété, le caresser, lui parler .
Et toute une année branché avec des électrodes à un monitoring qui sonne quand petit ange ne respire plus au bout de plusieurs secondes .

Toi...Tu es aride comme une colline chaude écrasée par le soleil .



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commentaires

M
Merci Didier...C'est surtout après que j'ai eu peur. Pendant c'est une sorte d'inconscient qui m'a guidée. Heureusement...Bon dimanche,- Mèl -
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D
Comme tu as du avoir peur Melje t'embrasse de tout mon coeur
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D
Quel salaud moi je lui aurais mis sa tronche dans le caniveauet..............
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M
Merci Didier et bonne journée.Bises,- Mèl -
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D
Triste tout celavraiment je suis avec toi MELTOUJOURSgros bisous
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  • : Maelström
  • : Longue histoire que cette perte de soi... Un récit douloureux. Un exutoire. Une femme à côté de son corps durant 28 ans. Cette femme : moi. Un récit aussi où la prose prend une grande part.
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